Une mission [solo]

Dean avait été envoyé en mission sur West Blue. Apparemment, cela semblait être une simple mission de routine puisque l'officier qui lui avait donné l'ordre estimait qu'elle ne nécessitait pas plus d'un seul homme pour être menée à bien. Il s'agissait, tout simplement, de capturer un pirate préalablement primé pour 110.000 berrys répondant sous le nom d’Eustache le Soliste. Un nom étrange pour ce qui semblait être un musicien plus qu'un forban. Ses divers crimes étaient des vols à main armée, des escroqueries en tout genre et diverses arnaques qui lui valaient de s'emplir les poches avec tout l'argent amassé durement par les habitants. Même si tout cela semblait absurde pour celui qui se trouvait dorénavant sur le navire qui l'emmenait sur l'île où ce fauteur de troubles rôdait, il fallait bien admettre que pour être recherché aussi activement par la marine sans faire de victimes, il fallait être particulièrement habile.

En ce matin là, l'air était frais, une légère brise soufflait sur West Blue, on sentait qu'une tempête approchait. L'air devenait de plus en plus humide et l'atmosphère lourde. Dans une heure ou deux, les pêcheurs rejoindraient le port le plus proche afin de se mettre à l'abri tandis que les plus téméraires ou ceux qui étaient perdus au milieu de l'océan se devaient de subir cet affront ; que leur embarcation puisse -ou non- supporter une tempête de cette envergure.

Dean, quant à lui, serait sur terre dans quelques minutes, il avait à peine le temps d'observer les flots briller grâce aux derniers rayons de soleil qui frappaient la grande étendue bleue. Bientôt, il se trouverait dans les situations sur le terrain qu'il appréciait tant, le moment de la recherche et de la collecte d'informations étant son favori vis-à-vis de l'arrestation pure et dure d'un forban.

Accostant fièrement sur l'île lorsque la tempête pointa le bout de son nez, il se faufila dans son long vêtement qui, à la manière d'un poncho, lui cachait tout le corps et l'abritait de la pluie. Capuche sur la tête, il s'avança dans la ville devenue déserte dehors, mais bien vivante à l'intérieur, les premières lumières faisant leur apparition en cette heure encore matinale. Sa destination première fut tout simplement une taverne, un endroit où beaucoup se réunissait.

« À la bonne franquette » était le nom de celle-ci. Un endroit apparemment accueillant, plutôt moderne pour l'appellation de « taverne » mais qui gardait un charme grâce à quelques pointes de rustique qui montraient la marque de fabrique et faisaient faire fausse route à ceux qui se croyaient en un établissement révolutionnaire. Cet endroit, en cette heure -et surtout à cause du temps- très peuplé, avait également accueilli, en plus de toutes les personnes présentes, Eustache le Soliste. Il s'agissait même d'une de ses premières cibles. Autant interroger tout de suite celui qui semblait être le tenancier des lieux ; moustache et chiffons à la main à l'appui.

« Monsieur, Sergent-Chef Destrooper, commença à voix basse Dean qui voulait montrer un professionnalisme excellent pour donner une bonne image du gouvernement, je suis envoyé par une base voisine afin d'interpeler celui qui semble causer tant de troubles dans ce village. Je suppose qu'Eustache dit le Soliste n'est pas un nom inconnu pour vous.
- On nous envoie enfin quelqu'un ! S’exclama-t-il à voix basse également, mais faisant bien comprendre sa détermination par quelques mimiques ; Bien entendu que je le connais, il est affiché là-bas, sur le panneau de bois et il m'a aussi dérobé toute ma caisse ! Si je lui mets la main dessus, croyez-moi, il n'en ressortira pas indemne !
- Je comprends vos intentions monsieur, mais maintenant que les autorités sont présentes, je vous prierai de ne pas intervenir ; à moins que vous souhaitiez l'accompagner dans sa future demeure se nommant Impel Down. »

Dean avait volontairement haussé le ton sur ces deux derniers mots. Celui lui valut d'être observé par tout le bar qui s'était retourné pour comprendre que venait faire la prison gouvernementale la plus sécurisée du monde dans une discussion entre un barman et un client. Ils ne prirent pas connaissance de la réponse puisque quelques secondes plus tard, le tavernier apporta une bonne boisson à Dean. Tous étaient retournés à leurs activités respectives, sauf un. Bien entendu, en tant que bon marin, le Sergent-Chef l'avait repéré et savait déjà que cet homme était un suspect potentiel dans la suite des événements.

Le regardant en coin, il le voyait. Celui-ci le fixait, une choppe à la main. D'après la photo sur l'avis de recherche, ce n'était pas Eustache, mais certainement quelqu'un qui lui était lié, ou du moins qui avait compris la situation.

Bien entendu, le mystère ambulant partit quelques minutes plus tard tout en laissant quelques maigres pièces sur sa table afin de payer sa consommation. Par cette pluie battante et cette tempête qui approchait, on pouvait se douter qu'il valait mieux rester ici pour attendre que cela se calme. Il devait certainement avoir une bonne raison de quitter un abri chaud et sec. Une raison qui serait certainement de prévenir son maître que le gouvernement se mettait en place.

Quelques minutes suivirent et ce fut au tour de Dean de quitter la taverne. Remettant sa longue veste, il sortit sous la pluie puis estima les probabilités que son homme soit allé vers le centre de l'île ou vers les plages. Avec cette tempête, même le plus fou des forbans aurait préféré rester quelques heures de plus ; il ne pouvait donc être parti. De plus, une montagne d'à peine huit-cent mètres d'attitude siégeait ici. Un lieu qu'en cette période estivale peu fréquentaient préférant s'adonner aux joies de la baignade.

Il prit donc à droite, s’enfonçant vers le centre.

Quelques minutes plus tard, bien avancé dans la montagne, Dean entendit finalement un bruit de brindilles, puis de buissons qui bougeaient. Cela pouvait être le vent, ou la pluie, mais après tout, il valait mieux vérifier puisqu'en cette zone, les hautes roches protégeaient assez bien du vent et des intempéries pour permettre à la nature de garder sa place. Avançant collé sur le bord de la montagne, il sentit soudainement du vide. Vint ensuite une source de chaleur, puis une lumière ; certainement un feu. Tournant légèrement la tête et laissant dépasser un seul œil, il vit son homme de dos, celui qui se trouvait à la taverne, sa veste l'ayant trahi.

Retournant à sa planque, collé contre la paroi, Dean écoutait la conversation.

« ... cet étranger... il a mentionné Impel Down ! Cette terrible prison ! Il est là pour vous !
- Que me racontes-tu donc ? Il a très bien pu parler de quelqu'un d'autre, ce n'est qu'une coïncidence. Voilà des mois que j'opère ici et aucun marin n'est jamais arrivé. La milice n'arrive pas à m'attraper et n'ose pas les appeler de peur de perdre la confiance de la population. Ce n'est pas aujourd'hui que quelqu'un viendra.
- Mais ! Il faut tout de même penser...
- Suffit ! Tais-toi et retourne à tes occupations. Dès que cette pluie se sera arrêtée nous partirons si tu y tiens tant. »

Ils voulaient donc disparaître. Dean ne leur laisserait pas le temps. Le sbire commençait à sortir. Sortant son pistolet à silex, le marin anticipa le mouvement du pirate et le pointa sur sa tempe dès qu'il fut sorti de manière à ce qu'Eustache ne puisse pas le voir.

« Ne dis qu'un mot et ma balle ira se loger dans ta tête, susurra Dean, maintenant tu vas faire ce que je vais te dire. Tu vas retourner le voir et lui dire que quelqu'un l'attend dehors. Un pirate renommé, plus primé que lui. Dis-lui aussi que ce pirate a un fabuleux contrat à lui proposer en échange. »

Le sbire se retourna, pénétra dans la grotte accostant directement son patron. Il lui lança que quelqu'un l'attendait dehors, puis, perdant définitivement son sang froid il beugla qu'un homme armé l'attendait de pied ferme. Il n'en fallut pas plus pour que le doigt de Dean appuie sur la gâchette, libérant ainsi une balle qui se logea dans l'abdomen du sbire qui s'écroula au sol. Une deuxième fut tirée, à l'intention d'Eustache. Celui-ci, ayant compris qu'il se retrouvait piégé, effectua un bond sur le côté afin d'éviter le projectile.

Eustache, terré dans l'ombre de la grotte, usa d'une pierre assez grosse pour éteindre le feu, détruisant facilement le foyer avec le choc. On put entendre des lames qui étaient dégainées. Il utilisait des dagues pour se battre, des instruments qui lui permettaient de tuer dans l'ombre, rapidement et furtivement. Dans cette obscurité, il était comme dans son élément. Dean préféra sortir, sautant dans la pente afin de se mettre hors de portée d'un quelconque jet ou d'une arme à feu.

Terré derrière un buisson, prêt à bondir, il attendait sa proie, couteau en main, son arme à feu inutilisable à présent à cause de cette pluie battante. Il sentit une présence avec une rapidité déconcertante, Eustache l'avait repéré et bondissait sur lui. D'un rapide saut sur le côté, il esquiva les deux dagues qui se plantèrent dans le sol. Le forban était donc capable de tuer.

Dean haletant, fonça finalement sur son adversaire dans le but de le faire rapidement craquer et, avec le sacrifice d'un de ses bras, il parvint à planter son couteau en plein ventre de son adversaire, ayant apparemment évité les organes vitaux puisque celui-ci tenait encore debout grâce à une étonnante volonté.

Serrant son bras en sang, bien ouvert par l'une des dagues, Dean vit alors Eustache réunir ses dernières forces pour une dernière attaque. N'ayant plus aucune arme sur lui, son couteau préalablement balancé par le pirate après l'avoir enlevé de son ventre, il se retrouvait sans défense. Réellement sans défense ? Non. Après tout, il s'était spécialisé dans le combat à mains nues. Dès que le criminel fut assez proche, c'est avec une force surpuissante qu'il le souleva, le fit passer par-dessus et lui rabattit ardemment sur le sol boueux afin de le mettre hors d'état de nuire.

Épuisé ; flapi ; las de ses blessures, Dean prit le corps inerte, mais vivant de son opposant pour le ramener en ville tandis que le cadavre de son acolyte restait dans la grotte. Les autorités pourraient découvrir d'eux-mêmes les richesses ainsi que le corps pour continuer d'avoir l'approbation du peuple. Le gouvernement se contentait d'effacer une affiche, n'ayant pas à payer la somme convenue à un chasseur, économisant ainsi une centaine de milliers de berrys.

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